Histoire de Paris : le Théâtre du Châtelet
Construit en deux ans par Davioud et inauguré le 19 août 1862, le Théâtre-Impérial, ou Cirque-Impérial, était, avec sa salle de 1800 places, le plus beau des grands théâtres de Second Empire. Sa façade Renaissance italienne est ornée de statues figurant le Drame, la Musique, la Danse et la Comédie.
Conçu pour des opérettes à grand spectacle, le théâtre du Châtelet a disposé dès l'origine d'une vaste scène et d'équipements spéciaux. Ici triomphèrent Hortense Schneider, Féodor Chaliapine, Enrico Caruso, Georges Guétary, André Dassary, Luis Mariano, et furent montés "Salomé" de Richard Strauss, les Ballets russes de Serge Diaghilev, les oeuvres de Franz Lehar et Francis Lopez, dont "le chanteur de Mexico" et "Méditerranée" tinrent l'affiche durant des années.
Histoire de Paris : la fontaine Stravinsky, ou le reflet complémentaire
Pierre Boulez, fondateur et directeur de l'IRCAM, est à l'origine de cette fontaine commandée par Jacques Chirac, maire de Paris, en hommage à Igor Stravinsky. Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely seront officiellement désignés le septembre 1982. Inaugurée en mars 1983, la fontaine est constituée de sculptures très colorées en résine (Niki de Saint-Phalle) et de sculptures en métal réalisées à partir d'objets trouvés, roues, moteurs, ferrailles... (Jean Tinguely), aux mécaniques insolites et aléatoires, animées de jets d'eau.
Avec cette fontaine, les formes manifestes ou simplement suggérées par Tinguely et Saint-Phalle citent des fragments de l'oeuvre musicale de Stravinsky : les couleurs du Sacre du Printemps, l'envol de l'Oiseau de feu. Un examen attentif montre que les 16 sculptures sont directement inspirées par les compositions du musicien, les différents éléments de la fontaine se nomment : la clé de sol, le rossignol, le serpent, l'oiseau de feu, l'éléphant, la mort, l'amour, le ragtime...
Avec ses formes, ses couleurs, ses représentations, la fontaine a certainement heurté une partie du public, elle a pu apparaître pour certains comme une véritable provocation. En cela, elle rappelle, soixante-dix ans plus tôt, le scandale de la première représentation du Sacre du Printemps d'Igor Stravinsky (le 29 mai 1913 au Théâtre des Champs Elysées). Les rythmes révolutionnaires de cette musique associés à la chorégraphie provocante de Diaghilev avaient en effet choqué la critique qui parla à l'époque de "massacre du printemps".